& vous

La convivialité à la carte… Mais la convivialité, c’est quoi ?

La convivialité est de plus en plus plébiscitée et revendiquée par les marques, les établissements, les villes.

Mais d’ailleurs, c’est quoi la convivialité ?

Brillat Savarin parle du goût de réunions avec les autres, Alain Caillé de l’art de bien vivre ensemble. La convivialité désigne avant tout les rapports chaleureux que l’on entretient au sein d’une société.

Mais avec les confinements successifs, la convivialité a été challengée. Alors que l’on s’attendait à ce que la sortie de crise sanitaire se traduise par une grande liesse populaire, nous avons appris à trouver du sens dans la solitude, voire à la désirer.

Ce sentiment a été théorisé par le psychologue canadien Robert Coplan à travers l’asolitude : le besoin de se retrouver, seul.
« Trop peu de temps passé seul peut conduire à des sentiments de stress, de dépression ou de sautes d’humeur similaires à ceux générés par la solitude ».

Comme le disait le philosophe Ivan Illich : « La convivialité, c’est la liberté individuelle réalisée dans une interdépendance mutuelle et personnelle » (Inverser les institutions, 1972).

Cultiver sa solitude n’est donc pas antinomique avec le besoin de convivialité. C’est une liberté supplémentaire, celle de choisir sa façon de composer ensemble pour développer une relation plus saine au collectif.

Ce retour à l’altérité dans un monde déconfiné a été pour beaucoup source d’appréhension. Tout particulièrement dans le cadre des vacances où certains, usés par l’isolement, se sont retrouvés face à l’angoisse des vacances de groupe et de leur small talk (L’ADN : Ils sont partis en voyage en solo : « Moi c’est simple, je ne pouvais plus encadrer personne »).

Pour célébrer un retour en douceur au tourisme, des grandes marques ont misé sur la joie des retrouvailles avec ses proches comme Abritel (Tous ensemble sous le même toit) ou Center Parcs (Ensemble, vraiment). D’autres comme Hotels.com ont davantage mis l’accent sur la liberté de choix qu’ils offrent (Trouvez un endroit parfait pour vous).

« Moi c’est simple
je ne pouvais plus
encadrer personne. »

Ils sont partis en voyage en solo – l’ADN

Parallèlement, on a vu la popularisation d’offres de voyages pour se retrouver en sortant des sentiers battus.

En France, c’est le cas d’acteurs comme Evaneos (Choisissons de voyager mieux), ou l’agence de développement touristique de Corrèze (Corrèze secrète).
Ailleurs, des acteurs proposent ce type de voyages comme Rutopia, qualifié de Airbnb de l’écotourisme mexicain.

Ces acteurs ne vendent pas un simple dépaysement, ils sont aussi la promesse de rencontres inattendues. Bien qu’initialement solitaire, ce type de voyage est l’occasion de créer de nouveaux liens.

Une logique que l’on peut observer dans notre rapport nouveau au travail, grâce au work from home qui nous a libéré de sa rigidité passée.

Un état d’esprit qu’incarnent les digital nomads, qui pourtant affranchis de la contrainte du bureau, ont fini par créer des communautés dédiées à leur mode de vie – comme dans les Caraïbes avec le Umaya Village.

Si la souplesse s’est rapidement imposée dans nos mœurs professionnelles, la socialisation en reste une dimension essentielle.

Un besoin qui se fait ressentir jusqu’à ceux qui ont quitté l’entreprise pour se lancer seuls : les indépendants. Ce à quoi le service Hello Business de Hello Bank répond avec sa signature « Vous avez choisi d’être indépendant, pas d’être seule ».

Le salariat et ses avantages semblent donc retrouver leur désirabilité, comme le clame la dernière campagne de Swile (Tout plaquer pour devenir salarié).

La solitude de l’auto-entrepreneur ne fait plus rêver, ainsi des alternatives sécurisantes à ce statut se démocratisent comme la CAE (coopérative d’activité et d’emploi). La CAE permet ainsi d’obtenir un statut d’entrepreneur-salarié, un cadre qui mutualise les compétences d’une entreprise entre indépendants.

Outre les avantages induits par un tel statut, c’est aussi l’occasion pour les membres d’échanger et partager avec leurs homologues au sein de ces structures.

Faciliter la vie des indépendants ou des petites structures c’est aussi la promesse des coworking Morning (campagne Gérez votre business). Plus que la praticité, ce sont aussi des lieux de rencontre pour recréer de la sociabilité dans le quotidien des professionnels.

Les « co » se sont démocratisés : après le co-voiturage et le co-working, le co-living a trouvé son public. Plus qu’une simple colocation, ce sont de grandes maisons où chacun dispose de son espace individuel et tous partagent de grandes parties communes. Un moyen de conserver son intimité tout en nouant des liens avec ses « co-livers » en bénéficiant d’une qualité de services digne d’un hôtel. Une solution pour vivre en communauté, au sein de grandes villes (exemples : la Casa, Colonies).

Ce cloisonnement des intimités au sein du foyer est une représentation courante dans les télécom. À l’image de ce film de Bouygues Télécom (Bouygues Telecom – Tim) où chaque membre du foyer évolue dans sa bulle digitale, mais finissent par se retrouver grâce à leur connexion.

Les acteurs de l’aménagement de la maison développent cette importance de créer sa bulle pour mieux vivre ensemble, où au rythme de la vie chaque pièce évolue pour s’adapter aux besoins de chacun, comme le montrait Leroy Merlin (A Life to build).

À tel point que la maison reprend une véritable place où chacun peut se sentir mieux que nulle part ailleurs. Un endroit où l’on se retrouve soi et où tout semble plus simple, là où Ikea vous invite à ouvrir la porte sur l’endroit où tout commence (L’endroit où tout commence), celui où chacun crée sa propre bulle de sérénité.

Cette bulle est loin de créer des personnes qui s’isolent du monde, la connexion se passe simplement d’une autre manière, en ligne avec des personnes qui partagent les mêmes intérêts.

C’est d’ailleurs ce que nous montre cette étude Facebook IQ où la communauté a un sens bien particulier pour la génération Z : « En ses propres termes, elle définit la communauté comme un foyer caractérisé par un sentiment d’acceptation et d’appartenance ».

Une trend sur laquelle rebondit Reddit dans sa dernière publicité, la possibilité de se connecter avec des personnes qui partagent les mêmes centres d’intérêt en ligne, là où les personnes du réel ne les comprennent pas toujours (Find your people).

“As real-life moments continue to highlight our shared need for understanding and belonging, ‘Find your people’ showcases Reddit’s communities as spaces for everyone to connect and gain honest perspectives from real people with similar interests”

Car finalement, ce qui compte aujourd’hui en ligne, ce n’est pas la convivialité et la rencontre à tout prix, mais bien le fait de trouver des centres d’intérêts communs et d’évoluer au sein de nouvelles communautés.

Et cette recherche de centres d’intérêt communs en ligne prend de l’importance sur les applications de rencontre. Feels le revendique en parlant des rencontres de manière plus globale, sans être liées à une relation amoureuse, juste un feeling de personnes qui ont envie d’apprendre à se connaitre (Too cool to match).

Pour autant, cette recherche de rencontres, de solutions en ligne, fait aussi face à un sentiment global de solitude qui est extrêmement fort au cœur de la génération Z, mais comblée par ces échanges en ligne qui leur permettent d’être véritablement eux-mêmes.